Village sur l’oued El-Kantara
Présenté au Salon de 1908, un an tout juste après le retour d’Algérie, ce grand tableau constitue certainement l’œuvre la plus ambitieuse de toute la production orientale de Marché.
Elle dépeint le site grandiose de l’oasis d’El-Kantara où l’artiste fait une brève étape vers la mi-mars 1907, motif fameux qui dès l’époque a déjà trouvé rang de classique du paysage algérien dans la production picturale.
Marché adopte ici un parti-pris qui lui est inhabituel : bâtissant ses premiers plans sur une composition perspective en X traditionnelle, il parvient à rendre l’effet de monumentalité écrasante du site en fermant frontalement le ciel – réduit alors étrangement chez cet amoureux des vastes horizons célestes à une simple bande d’azur – par la masse imposante des falaises d’El-Kantara.
La toile, exposée à plusieurs reprises, reçut une fortune critique mitigée, tantôt louée pour sa luminosité et sa palette dignes d’un invraisemblable monde de féerie, tantôt décriée par d’autres pour de semblables raisons, qui voyaient dans ces chromatismes violents une allégeance à un orientalisme criard et convenu, exacerbant les tons.