Biskra
Ce paysage apparaît comme une alcôve où l’on vient se réfugier. Depuis le premier plan, la composition mène progressivement le spectateur vers un lieu habité et luxuriant. Dans le coin inférieur gauche, le sol est dénué de végétation et un arbre décharné laisse voir ses racines. De chaque côté du cadre, le regard est ensuite bloqué par des buttes de sable et doit se concentrer sur l’espace central, où des dromadaires se reposent et boivent l’eau d’une mare. Enfin, le parcours de l’œil s’arrête, une ligne d’arbres obstruant l’horizon. Là, une architecture de terre est esquissée, offrant l’assurance d’une présence humaine, rappelée par la silhouette surveillant le troupeau.
Si l’atmosphère de cet espace de refuge est très paisible, elle semble en fait comme immobilisée par la chaleur omniprésente. La lourdeur du climat transparaît par les couleurs intenses : le jaune du sol, le vert de la végétation et le bleu du ciel qui domine la moitié de la toile.
En 1848, l’Algérie est déclarée territoire français. Située aux portes du désert, au sud-est d’Alger, l’oasis de Biskra attire alors de nombreux artistes, amateurs des motifs orientaux. Eugène Delacroix (1798-1863) a d’ailleurs lui-même voyagé au Maroc et en Algérie dès les années 1830. Le séjour d’Ernest Marché à Biskra en 1907 est tardif vis-à-vis de l’engouement artistique pour cette oasis. Il est l’occasion pour lui de peindre de nouveaux types de paysages. Dans ce tableau, le souci de rendu atmosphérique et la visibilité des traces de pinceau témoignent de l’influence laissée les Impressionnistes. On peut aussi y apprécier son sens de la composition.