Histoire
Histoire de Nemours, de la Préhistoire au troisième millénaire
Au cours de la période préhistorique, les environs immédiats de Nemours ont connu une importante occupation humaine, comme l’attestent de nombreux sites du paléolithique et vestiges néolithiques découverts dans la vallée du Loing et le long de ses principaux affluents, comme le Lunain.
Les recherches, menées dès le milieu du XIXe siècle par le Nemourien Edmond Doigneau, considéré comme le pionnier de l’archéologie locale, puis les travaux du Dr Cheynier dans les bois de Beauregard et dans le site des Grosmonts, ont permis de repérer des niveaux archéologiques attribués au périgordien et au magdalénien, des civilisations datant de – 35 000 à – 10 000 ans avant notre ère.
Les premiers agriculteurs
En 1964, la mise à jour des vestiges d’un vaste campement magdalénien à Pincevent, près de Montereau, a considérablement augmenté nos connaissances sur la vie quotidienne et l’habitat des anciens chasseurs de rennes qui vivaient dans la région de la fin du paléolithique supérieur (- 10 000 à – 8 000). Ce n’est qu’au néolithique, vers – 3 500 avant notre ère, que l’homme cessera d’être semi-nomade pour s’établir dans des villages où il pratique l’agriculture et l’élevage et fabrique ses premières poteries. Des trésors monétaires, dont une centaine de pièces d’or à l’effigie d’empereurs romains, et plusieurs vestiges mérovingiens, ont également été découverts à Nemours et dans des communes voisines (Poligny, Saint-Pierre).
Le Musée départemental de Préhistoire de Nemours qui a recueilli une grande partie de ces témoignages, conserve de nombreux outils issus de ces civilisations néolithiques (haches polies ou taillées, pics, tranchets, pointes de flèches). Il présente également une reconstitution du site de Pincevent et de nombreux tableaux expliquant les grandes étapes de la Préhistoire en région parisienne, ainsi qu’un plaque-boucle mérovingien qui proviendrait de Nemours.
Une cité médiévale
Dès le haut Moyen Âge, une petite agglomération dépendant de Château-Landon, capitale du Gâtinais, se regroupe autour de l’église Saint-Pierre. Ce n’est qu’à la fin du XIIe siècle que Nemours prend véritablement son essor sous l’impulsion d’une puissante famille proche du pouvoir royal. En 1120 Orson, seigneur de Nemours et vassal de Louis VI, fait construire un château sur la rive gauche du Loing afin de défendre ce point particulièrement stratégique. La ville médiévale s’étend à l’intérieur de ce que l’on appelle aujourd’hui, les « Petits Fossés ».
Cinquante ans plus tard, Gautier, chambellan de Louis VII, affranchit les habitants de Nemours et leur octroie une maison et un arpent de terre. Le fondateur de la ville s’éteint en 1205, après avoir fait restaurer l’église qui recevra la relique de Saint-Jean-Baptiste, et fondé l’Hôtel-Dieu chargé d’accueillir les nombreux pèlerins.
Au XIIIe siècle, appauvris par les croisades, les seigneurs de Nemours doivent céder leur terre au roi de France. Plusieurs d’entre eux, dont Saint-Louis, séjourneront à Nemours. Grâce à ses défenses, Nemours échappe aux ravages de la guerre de Cent Ans. Devenue duché-pairie en 1404, la ville retourne à la couronne de France une vingtaine d’années plus tard.
La saga des ducs de Nemours
Après Charles III de Navarre, premier duc de Nemours, Jacques d’Armagnac (1461), Louis Mallet, les enfants du duc d’Armagnac, Gaston de Foix (1507), Philippe de Savoie, dont le fils sera le héros de « la Princesse de Clèves » et Philippe d’Orléans se succéderont à la tête du baillage de Nemours, devenu indépendant en 1514. En 1674, le château devient le lieu de réunion des juridictions du baillage de l’Élection et de l’Hôtel de Ville puis accueille le palais de justice et les cachots.
En 1724, le canal du Loing s’ouvre à la batellerie. La nouvelle voie d’eau, qui emprunte parfois le lit de la rivière, permet d’acheminer vers Paris les marchandises provenant du bassin de la Loire. C’est dans cette longue période qui précède la Révolution que le pont sur le Loing sera emporté par une crue (1770) et que, sept ans plus tard, les restes des seigneurs de Nemours seront transférés à l’église Saint-Jean-Baptiste.
En ce XVIIIe siècle marqué par les règnes de Louis XV et Louis XVI, Nemours devient une importante cité administrative, siège d’une maîtrise des Eaux et Forêts et d’un grenier à sel et de deux paroisses, Saint-Jean-Baptiste et Saint-Pierre. Deux communautés religieuses de femmes, Notre-Dame de la Joie (de l’ordre de Cîteaux) et le Couvent de la congrégation, et une communauté masculine, les Récollets, y sont fortement implantées. Fonctionnaires (greffiers, huissiers..), artisans, tanneurs et vignerons constituent, avec la bourgeoisie locale, l’essentiel de la population de l’époque.
Un député nommé Dupont
La Révolution de 1789, qui fait de Saint-Pierre une commune indépendante de Nemours, puis l’Empire, annoncent le déclin de la capitale du Gâtinais français au profit de Fontainebleau qui devient le centre régional et administratif de la région. L’abolition des institutions féodales donne un coup d’arrêt à l’ère des ducs et du duché et en 1790, l’Assemblée nationale partage la France en départements. Nemours devient alors l’un des cinq districts de la jeune Seine-et-Marne, elle-même composée de la réunion de la Brie et du Gâtinais. En 1880, Fontainebleau devient sous-préfecture, reléguant Nemours au rang de simple chef-lieu de canton. La ville ne se remettra jamais vraiment de cette « concurrence » avec la cité impériale.
La période prérévolutionnaire met sur le devant de la scène l’un des personnages les plus connus de l’histoire locale. Samuel Dupont, dit « Dupont de Nemours » est député du Tiers-Etat dans la commune. Son cahier de doléances qui contient les principales remontrances exprimées par le baillage de Nemours, pose tous les problèmes de l’Etat français en cette fin du XVIIe siècle. On y trouve également les idées les plus neuves des droits et des libertés de l’Homme et du Citoyen. Pendant la Révolution, les paysans du Gâtinais se révoltent. Ils refusent de payer le « champart », un impôt féodal représenté par le versement aux seigneurs d’une partie de la récolte. Le château, acquis par le maire Hedelin, est rétrocédé à la commune en 1811. Le prieuré, le couvent des Récollets et l’ancien Hôtel-Dieu deviennent des biens nationaux. C’est pendant cette période que l’ingénieur Boistard construit le Grand-pont, inauguré en 1804 par le pape Pie VII qui se rend à Paris pour le couronnement de Napoléon.
Les années noires
En 1814, les Cosaques entrent dans Nemours mais l’événement sera effacé par le souvenir de « l’Année terrible » de 1870 au cours de laquelle 3 000 Prussiens envahirent la ville et incendièrent le quartier de la gare. Cette occupation ennemie durera quatre mois.
Si Nemours est plus ou moins épargnée par la première guerre mondiale, elle subit, durant la seconde guerre mondiale, l’occupation allemande.
La Libération sera l’occasion pour la commune d’écrire, avec les alliés, quelques belles pages d’Histoire. Le 23 août 1944, La Chapelle-la-Reine vient d’être libérée par l’armée du général Patton après une bataille d’une rare violence. La 5e division d’infanterie américaine fait route vers Nemours. À son arrivée, le commandant Harris C. Walker trouve quinze bombes de 1 000 livres sous le Grand-pont que les Allemands s’apprêtaient à faire sauter. Pendant ce temps-là, une colonne alliée fonce sur la cité par la route de Larchant, démine le pont et fait place nette pour l’arrivée des libérateurs accueillis par une foule en liesse.
Depuis le 14 juillet 1994, un square de la ville porte le nom de la 5è D.I. US en hommage aux militaires américains.
Les Trente glorieuses
Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale, et une période de relative stagnation entre les deux guerres, que Nemours connaîtra son véritable essor à la fois économique et démographique. Le bourg rural, qui en 1946 comptait 5 418 habitants, endosse peu à peu les habits d’une ville moyenne. En moins de trente ans, la population de Nemours va plus que doubler pour atteindre, en 1973, le chiffre record de 11 137 habitants.
L’explosion de l’industrie verrière et l’extraordinaire développement des voies de communication sont passés par là. Au cours des Trente glorieuses, Nemours se dote des équipements sociaux, culturels et sportifs correspondant à son expansion démographique. Les années 60/70 sont marquées par la création de la zone d’activité du Rocher Vert, la naissance des quartiers du Mont Saint-Martin et de Beauregard, la construction de plusieurs écoles maternelles et primaires, de deux collèges et d’un lycée, puis d’un hôpital, pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, le patrimoine historique de la ville, château, église, bords du Loing, sont mis en valeur.
La reconquête
Cette attachante cité de 13 000 habitants, qui cultive un certain « art de vivre » enraciné dans sa culture rurale tout en bénéficiant de la proximité de Paris, aborde le XXIe siècle avec l’un des plus ambitieux projets de renouvellement urbain que la ville ait jamais connu. Il s’agit d’un programme de redynamisation de la cité qui s’étend sur plusieurs années et concerne tous les secteurs de la ville. La première étape consiste à revaloriser en profondeur l’ensemble du Mont Saint-Martin où vit actuellement la moitié de la population de Nemours. Ce quartier bénéficie d’une grande opération d’amélioration du cadre de vie conduite en partenariat avec l’Office HLM, l’État et la Région. Elle concerne aussi bien le bâti que les espaces publics, le tissu associatif ou l’accueil social. Les premiers travaux ont commencé en 2006 et sont aujourd’hui quasi achevés. La prochaine étape permettra de revitaliser le centre-ville historique et d’améliorer les conditions de vie dans le quartier de Beauregard. L’ancienne capitale du Gâtinais français aura alors toutes les cartes en main pour reconquérir son titre de ville-phare du sud Seine-et-Marne.